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Le point de rupture

Dernière mise à jour : 10 sept.

Me voici arrivée à nouveau à ce fameux point de rupture. Ce moment où tout bascule. Ce moment où j'atteins ma limite. Ou plutôt où j'atteins LA limite, la dernière, celle qu'il ne fallait pas franchir. Celle du non-retour. Ce moment où l'élastique, à force d'avoir tiré dessus, se casse et me pète à la figure.


C'est toujours la même histoire, le même schéma qui se répète. Je vois, ressens et vis des choses qui ne sont pas confortables. Je me sens blessée et non-respectée par certaines personnes. Mais je ne dis rien. Je prends sur moi. J'attends que cela passe. Je trouve des excuses à moi, aux autres. Je ravale mes rancunes, ma colère, mes reproches. Une fois, deux fois, trois fois... jusqu'à arrivée à saturation. La gorge est nouée, le ventre est serré. Impossible d'avaler. J'ai juste envie de dégueuler tout ce trop plein, d'envoyer tout ce paquet à la figure des « coupables », de ceux qui m'ont trahie, maltraitée. Les mettre face à leurs « erreurs », leur dire « regardez ce que vous m'avez fait ». Les blesser autant qu'ils m'ont blessée. Oui, quand le point de rupture est atteint, une réconciliation est difficile. La confiance est rompue. Je n'accorde pas facilement mon pardon. J'ai la rancune tenace.


J'ai une longue liste de toutes les choses que j'ai accumulées. Des faits qui prouvent que les coupables sont bien coupables. C'est tellement plus facile de pointer du doigts les fautifs. Beaucoup plus facile d'accuser. Beaucoup plus facile de tourner son regard vers les autres plutôt que vers soi.


Si j'ai l'audace de regarder ce que la situation me renvoie réellement, je reconnais que les coupables ne sont pas si coupables. Certes, ils ont une part de responsabilité car tout cela n'est pas parti de rien. Mais moi dans tout ça, qu'ai-je fait ? Ben... rien. J'ai laissé faire. J'ai attendu gentiment que la solution vienne d'eux. J'ai espéré, tout en ruminant, qu'ils allaient comprendre leurs erreurs, s'excuser, rectifier le tir. J'ai attendu qu'ils prennent leur responsabilité sans bougé le petit doigt. Je leur ai laissé plein pouvoir, je me suis simplement écrasée. Je me suis planquée derrière une barrière de non-dits. Mais avaient-ils seulement conscience que la situation n'était pas confortable pour moi ? Je n'ai rien dit. Comment auraient-ils pu deviner ? Et moi ? Ai-je essayer de comprendre ce qu'ils vivaient ? Peut-être qu'eux aussi avaient des choses à me renvoyer. Ai-je seulement essayer d'écouter, de communiquer ? Non, je n'ai fait que supposer, interpréter, imaginer. J'ai élaboré de nombreux scénarios où j'étais la gentille victime qui n'a rien à se reprocher et eux les méchants bourreaux.


Au final, qui m'a trahie, qui m'a blessée ? C'est moi, en ne disant rien. C'est moi qui ne me suis pas écoutée, qui ne me suis pas respectée. J'aurais dû dire les choses dès l'instant où je sentais que cela grattait pour moi. Leur exprimer qu'il y a certaines choses qui n'étaient pas confortables, certaines choses que je ne comprenais pas. Et si je n'avais pas été entendue, j'aurais dû répéter, peut-être de manière plus affirmée ou trouver d'autres mots. J'aurais dû essayer d’établir un dialogue. Oui, j'aurais dû...


Maintenant, c'est trop tard... le retour en arrière n'est plus possible. Je ne peux pas rectifier ce qui est passé. Je me suis enfermée dans une prison de reproches. Cette longue liste de frustrations, je ne peux plus les dire. A quoi cela servirait ? A part à attiser un feu de colère. Une escalade de reproches qui détruit et ne répare rien. C'est de la violence gratuite qui ne résout rien. Et je sais que je ne me sentirais pas mieux après. Au contraire... Et cela risque de faire des dommages collatéraux et ça, je veux l'éviter à tout prix.


Bref, me voilà coincée avec ce gros paquet dont je ne sais que faire. Je peux juste le regarder, peut-être essayer de jouer avec. Peut-être le mettre en mots ou en danse puisque je ne peux pas le dire.


Peut-être que je peux le voir aussi comme un gros paquet cadeau, le déballer et voir qu'il y a un autre point de rupture. Une rupture de moi à moi. La rancune, la violence, la colère se sont des parts de moi. Je ne peut pas les effacer, je ne peux pas les nier ni les mettre de côté. Par contre, je peux les observer et ne plus me laisser contrôler par elles.

Elle est là, la rupture : dans le choix de ne plus reproduire ce schéma qui ne m'est plus utile, d'en faire autre chose.


Je choisis de quitter le chemin des non-dits, de la frustration, de la violence et de la colère envers moi-même et les autres pour emprunter un chemin plus doux et authentique. Un chemin que je ne connais pas, que je vais expérimenter et découvrir pas à pas.


Aujourd'hui, j'ai envie de m'engager sur cette voie et de mettre en place tout ce que je peux pour aller vers plus d'authenticité et de respect de mes propres limites en exprimant les choses qui sont inconfortables au moment où elles le sont et d'établir un dialogue.

1er Accord Toltèque : Parole Impeccable.


Je choisis de ne plus m'enfermer dans des non-dits, de ne plus me mettre à la place des autres en imaginant ce qu'ils peuvent vivre ou penser.

2ème Accord Toltèque : Ne pas faire de supposition.


Je choisis aussi d'essayer d'être à l'écoute de ce que les autres ont à me renvoyer, qu'ils puissent se sentir libre de me dire ce qui gratte et ne leur plaît pas chez moi.

3ème Accord Toltèque : Ne rien prendre personnellement.


Je vais certainement trébucher, me perdre, retourner en arrière. Il n'y a aucune garantie de réussite. Il n'est pas facile de changer des schémas que l'on pratique depuis tant d'années. Il y a de grandes chances que j'y revienne encore et c'est OK.

4ème Accord Toltèque : Faire du mieux que je peux avec ce qui est là et ce que je suis.


Bref, y du taf...



Aline Lourtie

17/01/2025


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