Pour toi, mon amour, mon ami - Hommage à David M.
- Aline Lourtie
- 19 janv. 2021
- 5 min de lecture
Qui l'eut cru ?
Toi, le nomade. Moi , la sédentaire.
Toi, la quarantaine. Moi, la vingtaine
Toi et ton désordre organisé. Moi, et ma maniaquerie de l'ordre
Toi, le fumeur. Moi, l'anti-tabac
Toi et tes plats de viande mijotés. Moi et ma cuisine végétale rapide
Toi et ton expérience de la vie. Moi et ma naïveté.
Qui l'eut cru ?
Tout nous opposait, tellement de choses nous séparaient.
Et pourtant...
Il a suffit d'une valse, d'un regard, d'un sourire, d'une bouteille d'eau sur la tête, d'un fou rire.
Il a suffit de pas grand chose pour commencer une belle histoire.
Nous en avons surpris plus d'un à commencer par nous-même. Et pourtant... Cela semblait tellement évident. Nous devions nous rencontrer. Nous devions nous aimer.
Tu m'as fait entrer dans ton univers et tu m'as ouvert ton coeur. Sous tes dehors « d'ours mal léché », de « mec un peu bourru », j'ai pu découvrir un coeur tendre et généreux.
Tu m'as présenté à ta famille et à tes amis. Tu m'as accueilli dans ta jolie petite caravane.
Tu m'as fait écouter Brel, Brassens, Vian, Paco de Lucia. Tu as même essayé de me faire aimé Zola. Mais ça c'était peine perdue.
Tu m'as fait visiter Bruxelles. Tu m'as fait découvrir la Samaritaine où nous avons été voir plusieurs concerts. Tu m'as fait découvrir le Kino où tu m'as présenter à tes amis Stéphan et Yann. Nous nous sommes balader à la place du jeu de balles où nous avons bu un verre en terrasse. Nous avons également manger le plus délicieux durum aux étangs d'Ixelles.
Pendant près d'un an, nous avons vécu dans notre bulle sans nous soucier de ce que les autres pouvaient penser. Nous étions tous simplement heureux.
Que de souvenirs...
Je me souviens de notre petite escapade à Ostende. Nous avons visiter le Mercator. Nous nous sommes pris pour les rois du monde sur le pont du bateau en rêvant de voyages.
Nous avons couru sur la plage, tracé un coeur avec nos noms dedans et même fait la pub des baladins.
Je me souviens de ta « non-demande » en mariage dans le bar, sous le chapiteau. Nous rêvions de fêter cela avec un cortège de camions et de caravanes colorées. Nous rêvions d'une grande fête sous le chapiteau.
Je me souviens du concert de Paco de Lucia. Cadeau pour ton anniversaire.
Je me souviens où lorsque tu n'étais pas près de moi, j'écoutais tes chansons en boucle pour m'endormir et entendre le son de ta voix. « Le temps de Belleville » reste ma préférée.
Je me souviens de mes 25 ans sous le chapiteau. Tu avais prévu le coup.
Je me souviens des soirées que nous passions a discuté de tout et de rien. Nous avons plusieurs fois refait le monde. Nous nous sommes aussi souvent pris la tête car nous n'étions pas d'accord sur tout et nous nous laissions emporter par nos mauvaises foi respectives
Je me souviens aussi de ton thé à la menthe.
Je me souviens de nos soirées où l'on regardait de vieux films français.
Je me souviens quand tu me chantais des chansons. Ta voix m'emportait.
Je me souviens me glisser sous la chapiteau pour venir te voir dans « Le Producteur de Bonheur ». Nous discutions après le spectacle et je n'hésitais pas à te faire mes retours.
Je me souviens aussi te faire réciter ton texte pour « La Bonne Âme ». Je connaissais tes répliques presque aussi bien que toi.
Je me souviens des villes que nous avons traversé ensemble, avec les Baladins : Spa, Louvain-la-Neuve, Silly, Tomblaine, Namur, Bruxelles, et j'en passe.
Je me souviens de nos épopées en voiture notamment la fois où l'on s'est perdu à Nancy ou encore lorsqu'on s'est retrouvé à Matongé avec le sprinter. Pas facile de trouver à se garer.
Je me souviens aussi de nos épopées avec ta mobylette.
Je me souviens bien sûr de Pito ton chat que tu aimais tant.
Tellement de souvenirs...
Et puis, un jour, parce que la vie est ainsi faite, nos différences ont eu raison de nous et notre bulle d'amour a éclaté. Ce fut la fin de notre couple mais ce fût le commencement d'une très belle amitié.
Qui l'eut crû ?
Malgré notre séparation, nous sommes restés liés. Une tendresse mutuelle nous rattachait l'un à l'autre. Tu m'as écrit la plus belle lettre d'amitié que j'ai jamais reçu. Nos chemins se sont séparés et nous n'avions pas souvent l'occasion de nous voir. Mais chaque fois que c'était le cas, on se retrouvait avec joie.
Qui aurait pu croire qu'aujourd'hui, je serai là, devant tes amis réunis, en train de faire ton éloge et te dire au revoir.
Tu es parti trop vite, trop tôt, trop brutalement. Tu avais encore tellement de choses à dire, tellement de rêves à accomplir, tellement de contes à raconter, tellement de chansons à chanter.
Je me souviens de notre dernière rencontre, à la terrasse d'un café, sur la grande place de Jodoigne. Comme à ton habitude, tu avais pris une verre de rouge et un verre d'eau. Il faisait beau et chaud. Tu m'as parlé de ton projet. Tu voulais retourner sur les routes avec une roulotte et des chevaux. Aller dans des lieux insolites pour aller conter tes histoires aux gens et les faire rêver. Tu m'as même proposé de partir avec toi.
Tu es parti trop vite, trop tôt, trop brutalement. Je sais que tu n'aurais pas aimé me voir pleuré. Tu aurais aimé une cérémonie où les gens dansent, chantent et rient. Mais aujourd'hui, seules les larmes peuvent combler le vide dans mon coeur. Mais demain, je te promets, je le remplirai de rire, de joie, de danses et de chansons. Comme la fille de joie de Piaf, je vais continuer de danser la java.
Je veux te remercier pour tous les moments que nous avons passé ensemble. Aujourd'hui, je pleure ta perte mais je suis reconnaissante d'avoir pu te rencontrer et faire un bout de chemin à tes côtés.
Merci de m'avoir ouvert ton coeur. Merci de m'avoir fait découvrir l'homme généreux et aimant que tu étais. Tu étais un diamant brut et sous ta carapace tu avais un coeur d'or. Merci de m'avoir aimé, merci pour tes chansons, tes lettres. Merci d'avoir été présent pour moi. Merci pour ton amitié.
J'aurai encore tellement de choses à te dire mais les mots me manquent. Il me reste juste à te dire au revoir.
Tu vas me manquer. Ta voix, ton sourire, ton rire, ton regard intense, profond mais aussi doux et aimant, ta générosité, ta joie de vivre, la lueur espiègle de tes yeux, reflet de la part d'enfant que tu avais gardé en toi. J'aurai aimé pouvoir te serrer dans mes bras, te voir, te parler, t'embrasser une dernière fois. Mais tu es parti trop vite, trop tôt, trop brutalement.
Aujourd'hui, je dois faire face à une nouvelle rupture, à une nouvelle fin. Je vais devoir apprendre la vie sans toi. Mais je te donne rendez-vous dans une autre vie pour une nouvelle valse.
Adieu, mon ami, avec ton mon amour.
Aline Lourtie
Hommage à un ami parti trop tôt
19/01/2021




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