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J3 - Saint-Gilles - Vauvert

Dernière mise à jour : 2 nov.


Longueur de l'étape: 17 km

Total parcouru: 39 km


Je me réveille un peu avant 7h. John, mon compagnon de chambre dort encore. Je me lève, fais quelques échauffements et étirements pour dérouiller mon corps un peu raide. Puis je déjeune en attendant que John se lève pour préparer mon sac. Avec les courses d'hier, il pèse son poids. Avant de me mettre en route, je discute un peu avec Thierry et Isabelle. Thierry a fait la voie de Tour et il a été bénévole à l'abbaye de Conques. Ce qu'il me raconte me passionne. J'apprécie ce moment de partage et je ne vois pas le temps passer. Je me mets en route vers 9h. Il fait déjà bien chaud. Heureusement, d'après Thierry, le chemin sera plus ombragé.


La première partie du chemin est vraiment cool : c'est plat. Il y a de longs tronçons ombragés et un fleuve. Je trouve un endroit sympa (sans moustiques) pour me poser à midi. Je mange ce qui me semble être le meilleur repas de tous les temps : fruits secs, saucisson, avocat, fromage frais, pain, concombre et comme dessert une banane et une pâte de fruit. Je me régale. Je fais une petite sieste à l'ombre avant de reprendre la route vers 14h.





L'après-midi est vraiment rude à cause de la chaleur. Il doit faire plus de 30°C. Je fais plusieurs kilomètres sans trouver un coin d'ombre. J'ai le corps qui chauffe. J'ai la sensation d'être en ébullition. Je me rationne au niveau de l'eau ne sachant pas si je vais pouvoir me ravitailler. Il y a plus de dénivelé qu'hier et ce matin. Je m'arrête quasi toutes les demies-heure. Je fais une longue pause à l'ombre d'un chêne. Cela me fait du bien et Vauvert n'est plus très loin.





Dans la rue du gîte, une voiture s'arrête et m'aborde. C'est justement le propriétaire du gîte où je me rends. Il me dit qu'il va rendre visite à sa maman. Le gîte et ouvert. Je peux m'installer en attendant qu'il revienne.


John m'avait un peu parler d'Eric et de son gîte. Eric a aménagé des chambres dans des anciens box d'écurie. C'est déroutant et très charmant. J'adore. Dans le jardin et sur le murs, il y a de belles citations. Je prends le temps de les lire, je m'installe dans une des chambres. Puis je file sous la douche. Je bois beaucoup d'eau, mange peu puis m'installe dans le jardin pour donner quelques nouvelles à la famille et écrire mes aventures du jour.



Comment je me sens après ces deux premières journées de marche ?


Je suis fatiguée physiquement, ça c'est sûr. J'ai mal aux hanches, aux jambes et aux pieds. Le reste du corps est OK. Je me sens aussi en confiance. Comme si je n'avais plus peur de ce qui pourrait arriver. Je pars en me disant « un jour à la fois. Un pas après l'autre et puis tu verras bien. » Je ne me sens pas seule. Loin de là. Cela me plait de marcher seule et puis de pouvoir échanger et partager avec les hôtes ou les autres pélerins en fin de journée. Cette manière de fonctionner me convient bien. Malgré les difficutés (chaleur, moustiques) et la fatigue physique, je me sens bien dans mon corps et sur le chemin. J'ai l'impression d'être chez moi et d'être à ma place. Je suis bien là où je suis et j'essaye un maximum de savourer l'instant présent sans trop réfléchir à après. Cela fait beaucoup de bien. Je me plains de la chaleur mais je suis heureuse que le soleil m'accompagne et qu'il fasse beau. Cela me permet de profiter vraiment de l'extérieur, des paysages et de la luminosité.


Mon petit regret pour l'instant : j'ai un peu de mal à lâcher mon téléphone. Je me connecte souvent le matin, à midi et le soir. Je n'interagis pas forcément mais je vais voir ce qu'il se passe. J'ai encore besoin de cela pour l'instant. J'espère que j'arriverai à me déconnecter plus souvent.


Oui, je me sens vraiment bien. Je n'arrive pas vraiment à décrire les sensations parfois contradictoires. Je crois que je suis juste là où je dois être. Tout est bien. Je suis émue en écrivant ces mots. Sur le chemin, il n'est plus possible de tricher. On fait avec ce que l'on est à l'instant présent. Il n'y a plus de faux-semblants, de performance. Il faut apprendre à s'écouter, à se respecter, à ne plus se juger de la manière dont on marche. Il faut juste être avec le Chemin. Je ressens l'envie de prier pour remercier, pour ressentir la présence de Dieu et de la Vierge. L'endroit où je suis m'y invite. Je m'installe devant la statue de la Vierge et je prie.


Une statue de la Vierge en pierre sur un autel

Je termine ma prière. Eric, le propriétaire revient. Il est déjà tard (en tout cas, c'est l'impression que j'ai.) Je me sens fatiguée mais je prends un moment pour discuter avec lui. Il parle vite et il a un accent du sud très prononcé. Je dois me concentrer pour comprendre tout ce qu'il me dit. Il passe aussi d'un sujet à l'autre et répond à peine à mes questions. Il me parle de plusieurs itinéraires différents, il me conseille des gites et des endroits sympas pour me poser et/ou à visiter. Cela va trop vite. Je n'arrive pas à retenir. Je suis contente que cela se termine. Je suis épuisée. Je sens une frustration en moi et une pointe de colère à l'idée qu'Eric a voulu modifier mon itinéraire. Je me rends compte que, m'écarter du chemin balisé pour prendre des raccourcis, me stress. Ce n'est pas du tout confortable. A cause de cela (et des moustiques), j'ai du mal à trouver le sommeil.


Aline Lourtie

03 septembre 2023

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