J13 - Saint-Gervais-Sur-Mare - Murat
- Aline Lourtie
- 12 sept. 2023
- 3 min de lecture
Longueur de l'étape: 22,5 km
Total parcouru: 248,78 km
Mon reveil sonne à 5h. C'est la première fois que ne me réveille pas avant lui. Je me sens fatiguée. Je me prépare en vitesse. J'ai envie de partir avant les autres. Je démarre vers 6h.
Aujourd'hui, il fait plus frais et plus humide (il a plu pendant la nuit). Nuageux, un peu venteux. Le paysage change. Je traverse de belles forêts qui me rappellent celles de Belgique avec des châtaigniers, des chênes et des hêtres. L'air humide fait ressortir les odeurs de la terre et de la forêt. Il y a un petit air d'automne avec les feuilles mortes au sol. Elles viennent amortir mes pas. Marcher en forêt, j'adore! Cela me ressource. Cette ambiance me rappelle des souvenirs de camps scouts, de hike, de veillée autour du feu, de jeu dans les bois.



Je sens que je suis fatiguée et en même temps, je suis au-delà de la fatigue. Je suis perdue dans mes pensées. Je rêve. Je pense. Je réfléchis. Je me questionne. Je ressens un manque. Mon espace de vie me manque. Ma famille et mes amis me manquent. Mon chat me manque. Mes projets me manquent. Et d'un autre côté, je ne m'imagine pas rentrer. Je n'ai pas envie de rentrer. Je n'ai pas envie de m'arrêter de marcher. Je veux continuer à ressentir cette liberté d'être, ce calme intérieur. Il est trop tôt pour penser au retour. Mais cela me fait un peu peur. Je ne m'imagine pas revenir et reprendre ma vie comme je l'ai laissée. Je ne le souhaite pas. Je serai heureuse de rentrer et de partager ce beau voyage avec vous. Je sens aussi que les routes m'appellent.
Je ne fais pas beaucoup de pauses. Je n'ai pas envie d'être rattrapée par les autres. J'ai envie de mettre de la distance entre eux et moi. J'observe à quel point cela me dérange de sentir que je ne suis pas seule sur le chemin. J'ai besoin de mon espace. Me sentir suivie est très inconfortable. Il va falloir que j'apprenne à lâcher prise car plus je vais me rapprocher de Compostelle, plus il y aura de pélerins sur la route.
La météo est fraiche mais il ne pleut pas. Il y a des nuages et du vent. Je me couvre pour éviter de tomber davantage malade.

J'arrive à Murat vers 13h. Pas de chance, la mairie est fermée jusque 13h30. Je m'installe sur un banc juste à côté. Je commence à avoir froid. J'ai hâte de pouvoir me poser et de prendre une douche bien chaude.
Le gîte est horrible. Le pire que j'ai vu jusqu'à présent. Il est sombre, froid, les lits sont superposés et métalliques. Il n'y a pas beaucoup de place et peu d'intinmité. C'est moche, cafardeux et pas du tout accueillant. Je file sous la douche. Les sanitaires sont à l'extérieur. Il y fait froid. Ils sont sales et j'ai aussi la désagréable suprise de voir un crapaud dans la douche. Il s'enfuit dès qu'il me voit. Cela me fait du bien de sentir de l'eau chaude. Cela me réchauffe.
Après la douche, je prends le temps de nettoyer mon sac car mon tube de crème à couler puis je vais faire des courses. Quand je rentre, Florent est là. Cela me crispe. Il s'installe pour manger et je me fais un bon thé chaud. Nous discutons un peu. Nous somme rejoins par Joëlle et Guilhem. Pendant que les autres s'installent, je reste dans la cuisine pour écrire. Florence est la dernière à nous arriver. Elle a très mal au pied. Elle a beaucoup souffert pendant cette étape. Elle envisage de rentrer chez elle et en même temps, elle n'a pas envie de quitter le chemin. J'étais dans les même questionnements ce matin (pas pour les mêmes raisons). Elle va aller voir un médecin spécialisé. Elle pense que ces douleurs sont dû à un problème de posture et qu'elle devrait porter des semelles orthopédiques. Nous discutons un long moment ensemble. Je sens à quel point elle est déçue. Elle espère pouvoir revenir bientôt sur le chemin. Je ne trouve pas les mots pour la réconforter. Je me mets à sa place et j'imagine le dilemme que cela doit être.
Nous mangeons avec Joëlle et Guilhem. Nous sommes tous très déçus par cette auberge. Mais nous passons une chouette soirée tous les quatre. Comme d'habitude, vers 20h, je sens le coup de fatigue arriver. C'est l'heure d'aller dormir. Demain, l'étape est petite (20 km), je vais donc partir un peu plus tard pour pouvoir me reposer. Etant donné qu'il fait moins chaud, c'est moins grave. Je passe une bonne nuit.
Aline Lourtie
13 septembre 2023




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