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Vertiges

Vendredi matin, bien au chaud dans mon lit. Je me retourne pour bien me pelotonner sous ma couette. Et là, le monde se met à tourner. Crise de vertige. Bourdonnements dans les oreilles. Nausées. Peu importe la position, la tête continue de tourner. Je passe ma journée couchée à essayer de bouger le moins possible. J'ai déjà connu cela. Sans savoir vraiment la cause. En général, cela passe...

Samedi, les vertiges sont toujours là. Les nausées aussi, parfois. C'est fragile. Je me sens fatiguée.

Dimanche, l'espoir revient, les vertiges sont moins présents. Ils reviennent de temps en temps. D'un coup, je me sens étourdie sans que j'ai fait quoique ce soit. La soirée passée au coin du feu entourée de la chaleur d'amis, me fait oublier pour un temps ces vertiges. De retour à la maison, je suis même certaine que c'est fini. Ouf ! Je suis soulagée.


Mauvaise nuit. Les vertiges sont de retour. Allongée dans mon lit, je regarde le plafond tourné. Et dans ma tête cela tourne aussi :

« Et m.... ! je pensais que c'était fini. Peut-être que je devrais prendre rendez-vous chez le médecin. Pfff encore une journée où je ne vais pas savoir faire grand chose, où je vais devoir garder la tête droite. »

Tenir la tête droite.... Vertiges..... Ca tourne.... Perte de repères.....

Au fond, qu'est ce qui est vraiment inconfortable pour moi ? Est-ce les vertiges ? Les pertes d'équilibre ? Ou bien est-ce de devoir rester la tête droite ? A moins que cela ne soit les deux à la fois. Tenir la tête droite, je sais faire, un peu trop. Tourner la tête, regarder autre part, aller vers l'inconnu, cela fait peur.


Cette crise de vertige n'arrive pas par hasard. Elle me rappelle qu'il est temps que je change d'angle de vue. Le monde tourne autour de moi, je ne le reconnais plus. C'est un autre monde qui apparait devant moi. Je ne suis pas encore capable de le reconnaitre alors cela me fait peur, cela donne le vertige. Je suis à un endroit où mes points de repères sont bouleversés.


Toujours couchée dans mon lit, les yeux au plafond, les pensées continuent de défiler. Me revient en mémoire cet exercice de trantra. La proposition étant d'imaginer que nous n'avons plus de tête. L'idée étant de retrouver notre centre. De ne plus rester simplement dans le mental et de redescendre dans le coeur et le ventre, là où se trouve notre Moi. Première réaction : « c'est quoi ce truc ? Vivre sans tête... Impossible. Pas pour moi cet exercice. Je passe mon tour ».

Me revient ensuite ce moment de danse où emportée par la musique, il y avait un tourbillon à l'intérieur de moi.

Finalement, ce texte lu sur Facebook ce matin qui parle des processus vécus pendant la danse.

Et là, toutes les pièces du puzzles se mettent en place.

Qu'est ce que cela me fait vivre ces vertiges ? Qu'est ce que je ressens tout au fond de moi ? Qu'est ce que cela ferait de danser le vertige, d'accepter d'être en déséquilibre, de ne plus avoir de point de repère, d'avoir la vision brouillée, de perdre la tête ? Oui, qu'est que cela serait...

Alors, je sors mes musiques favorites. L'objectif : il n'y en a pas. La seule chose est d'oser bouger, de voir ce que cela me fait de danser en ayant des vertiges ou de provoquer des vertiges par la danse. Juste explorer avec ce qui est là. Sans jugement, sans violence, sans attente. Juste qu'est ce que ça fait.


Et bien ça fait du bien ! J'ai tourné. Ma tête est partie dans tout les sens. Vertige, il y a eu. Nausée, il y a eu. Pas de déséquilibre. Mes pieds, mes jambes, mon bassin étaient assez solides pour me permettre de laisser partir ma tête. Cela allait tellement vite, parfois, que j'ai eu cette sensation, effectivement, que ma tête n'existait plus. Mon corps était mû par une toute autre énergie que celle du mental. Les choses étaient floues autour de moi, je ne savais pas toujours où j'étais dans l'espace. Et cela n'avait aucune importance. Cela ne me faisait plus peur. J'étais à un endroit où le temps et l'espace n'existent pas.


Pendant un court instant, j'ai goûté, j'ai expérimenté cette sensation d'être à ma juste place mais dans une dimension différente de celle que je connais.

Pendant un court instant, je me suis perdue.

Pendant un court instant, j'ai été ivre de bonheur.

Pendant un court instant, j'ai pris conscience que l'Amour, l'Amitié, le Bonheur, la Vie elle-même, toutes ces choses-là sont vertigineuses, elles n'ont pas de sens, pas de point de repère, c'est flou, c'est abstrait, inexplicable, indescriptible. Comment y avoir accès alors ? En se laissant porter par elle, en acceptant de perte la tête, d'ouvrir le coeur et de se laisser surprendre.

Pendant un court instant, j'ai compris au fond de moi les enseignements, les lectures, les réflexions des ces derniers mois. Je les ai éprouvé, ressentis, expérimentés.

Tout était juste. Toutes les pièces se sont assemblées pour me donner une image claire de ce que j'étais en train de vivre.


Après cette danse, l'envie forte de vous partager un peu de mon vertige et surtout de l'authencité ressentie. J'ai essayé de capter cela en prenant des photos. Exercice pas facile et, pourtant, pas trop mal réussi. Quand je regarde ces photos, je vois quelque chose de vrai. Avec une amie, nous parlions d'authenticité et de féminité. Pour moi, ces photos en sont un reflet. Un petit bout de mon authenticité et de ma féminité. Sans maquillage, sans coiffure, sans talons, sans filtre, sans masque, sans beau décor, sans rien. C'est nu. C'est brut. C'est vrai. C'est parfait.



Aline Lourtie

21/11/2022


En gros plan un visage féminin flou de profil
En gros plan, un visage féminin flou de face

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