L'impermanence de la Vie
- Aline Lourtie
- 7 juin 2023
- 3 min de lecture
5h30, dans un demi sommeil, une histoire se crée dans ma tête. Ce n'est pas la première fois que des personnages viennent à moi dès le réveil. Je me lève pour écrire.
La plupart de mes textes naissent d'un sentiment, de sensations, d'émotions que j'ai ressenti, d'expériences que j'ai pu vivre. J'écris souvent en « Je ». Soit je suis moi-même le personnage principal de l'histoire soit mon héroïne me ressemble quasi en tous points.
J'aime toucher, émouvoir le lecteur. J'abuse souvent du mélo-drame pour obtenir cet effet. C'est devenu une blague avec certains amis. Je suis « celle qui plombe l'ambiance ».
Mélo-drame, ambiances parfois lourdes mais il y a toujours une pointe d'espoir. Mon côté « bisounours » reste malgré tout. Je donne une version un peu édulcorée. Comme si je n'arrivais pas à parler du sujet de manière brut, tel quel. C'est toujours subtil, un peu détourné.
Aujourd'hui, c'est différent. Ce n'est pas comme les autres fois. L'énergie est différente. L'histoire, le personnage, l'ambiance... Ce n'est pas comme d'habitude.
Mon personnage principal est une femme. Elle a mon âge. Ce sont nos seuls points communs. En dehors de cela nous sommes presque à l'opposé l'une de l'autre.
Son histoire, je ne l'ai pas vécue. C'est une des première fois que j'écris sans savoir, juste en imaginant ce que cela peut être de vivre cette situation.
Certains aspects sont suggérés. C'est un effet de style que j'apprécie car il laisse une part d'imagination aux lecteurs. La violence est pourtant là. Pas de happy end cette fois-ci. Pas même un soupçons d'espoir ou une volonté de retourner le négatif en positif.
Je relis mon texte. Je suis touchée par cette violence. Je m'en étonne moi-même. Je sens que c'est difficile d'aller jusqu'au bout. Je ressens comme un dégoût, de la tristesse. Je ne sais pas exactement ce qui est là. C'est inconfortable. J'en viens même à me demander si j'arriverai à le lire devant d'autres personnes.
Est-ce vraiment moi qui ai écrit cela ? Moi qui, hier encore, parlais d'amour bienveillant et de douceur envers moi-même et les autres. Comment en suis-je arrivée à écrire sur la fusillade du Bataclan ? Comment en suis-je arrivée à imaginer mon héroïne se faire tirer une balle dans le cœur ? Avais-je des comptes à régler ? Avais-je de la colère en moi que je devais libérer d'une certaine manière ? Même pas. Je ne ressens aucune colère, aucune rage, aucune violence.
J'ai passé la matinée à me demander « pourquoi ? ». « Pourquoi me réveillée avec cette histoire d'attentat ? ». « Pourquoi décrire cette violence ? ». «Y a-t-il un message caché derrière tout ça ? ».
En écrivant ce texte, je me suis reliée aux victimes du Bataclan, aux familles aux proches. J'ai essayé d'imaginer, de ressentir même si c'est inimaginable. J'ai été envahie par la tristesse et j'avais la peur au ventre. Un sentiment fort et en même temps j'en étais détachée. Puis, je ressens une sensation de paix et d'apaisement comme si, à travers cette violence, quelque chose c'était refermé, comme si j'avais fais un deuil.
Cette histoire me ramène à l'impermanence de la vie. C'est un message que je me suis fait passé à moi-même : « et si cela avait été toi ? ». Tout est impermanence, tout à une fin. C'est difficile d'imaginer que la vie peut s'arrêter là maintenant. Surtout quand on a 35 ans et encore tellement de choses à vivre. Quelles seraient mes dernières pensées si je devais mourir demain ? Aurais-je des regrets ? Aurais-je peur ?
La vie est précieuse. Il est important d'essayer de ne pas remettre à plus tard, de suivre ce que nous dit notre cœur, de dire aux gens que nous les aimons, de pardonner, de ne rien garder comme rancœur, de suivre nos rêves pour qu'à l'heure du départ nous puissions partir sans regrets.
Pour terminer ce texte par une petite touche « bisounours », je vous envoie beaucoup d'amour, de douceur et de tendresse. Et je vous souhaite de vivre votre vie pleinement.
Aline Lourtie
08/06/2023




Commentaires